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\ 2OO                MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
tueusement qu'il ne rentreroit jamais au Palais que ' pour faire pendre ceux qui avoient fait mourir le pre­sident Brisson et les autres plus gens de bien qu'eux; appela le curé de Saint André sanguinaire, lui repro­chant qu'il estoit cause de la mort du plus homme de bien de sa paroisse, et le plus catholique.
Ce jour arriva à Paris un laquais envoié par M. de Grandmont à madame de Montpensier ; laquelle, pour ce qu'il avoit passé par Saint Denis, lui demanda tout haut, comme elle sortoit du conseil, ce qu'on disoit dans Saint Denis de l'execution qu'on avoit faite à Pa­ris de M. Brisson et des autres, « Par ma foi, madame, « va dire ce laquais, ils en rient là dedans trestous « comme fols. — Et comment cela? dit-elle ; pourquoi? « — Pour ce, madame, qu'ils disent qu'ils n'auront « plus que faire de pendre les ligueus à Paris, et qu'ils « espèrent d'en avoir bientost la raison, d'autant qu'ils « se pendront trestous les uns les autres. »
Le vendredi vingt-deuxieme dudit mois de novem­bre, on eust nouvelles à Pans que le cardinal Fachi-nette, bolonnois, du tiltre des Quatre Saints, avoit esté esleu Pape, et avoit pris le nom d'Innocent neuvieme. ll s'apelle Jean Antoine de Nus, du nom de son pere qui, estant venu à Bolongne pour gaingner sa vie, fut apelé Facinette, à cause de sa vile et abjecte condi­tion.
Ce jour, ou mc monstra des lettres qu'avoit escrit Rolland à un de ses amis de Paris, par lesquelles il lui mandoit que le duc de Maienne estoit fort mal con-teut de ce qu'on avoit fait à Paris; qu'il ne vouloit point de bien aux Seize, et que journellement son mal talent augmentoit, pour les mauvais advis qui jour-
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